Le jugement et les projections

"Rien ne nous trompe autant que notre jugement". Léonard de Vinci.

Durant des années, j'ai tenté de comprendre ce que chaque personne que je rencontrais projetait sur et pouvait attendre de moi, soit pour instaurer une fluidité dans la relation, soit pour changer une fausse perception et rétablir l'authenticité.

J'ai un physique et des attitudes qui ne rentraient pas dans les codes de la vie que je menais.

Je n'ai pas d'âge, pas de nationalité, un accent non identifié (!), je suis maniérée mais que je n'aime que la simplicité, les voyages et la nature. Je suis féminine alors que j'ai plutôt privilégié mon côté "Yang" jusqu'à peu, soi-disant "apprêtée", bien que je n'accorde aucun intérêt à la séduction. On m'a souvent dit que je faisais "riche"," aristocratique", voire "snob", alors que j'ai grandi dans un hameau en pleine campagne et peu d'argent.

Je suis juste née comme cela. Mais j'ai un besoin aigu de justice et de vérité à tous niveaux.

J'ai ainsi passé des années à me morfondre de ce regard des autres, s'arrêtant la plupart du temps sur l'apparence et réduisant chacun à des aspects que je ne comprenais pas. Cette absence d'objectivité, notamment dans le milieu humanitaire au sein duquel je pensais devoir régulièrement justifier ma légitimité à être une vraie "professionnelle" était une sorte de combat intérieur car j'avais l'impression que personne ne me voyait finalement telle que j’étais intérieurement.

Tout cela me brouillait l'esprit et je suffoquais. L'histoire se répétait constamment.

Jusqu'à ce que je me rende compte que j'exprimais souvent le contraire de ce que je voulais ou pensais (dire "oui" à un service, lorsque l'on voudrait dire "non" par habitude de faire des concessions, par ex.). Et que malgré mon sourire et mental permutant les situations à chaque fois, je me sentais finalement sans assise, et démunie.

Ce n'était pas conscient, mais je n'étais pas entièrement claire dans mon intégrité. Et cela se transposait en partie sur ces différences de perceptions.

Je portais en effet les fameux "masques" qui me permettaient alors d'être sociable et de m'adapter à un quotidien qui ne me convenait pas.

De plus, tout comme évoqué dans un autre post, j’avais trouvé d'autres clefs de compréhensions à ce "mauvais" relationnel, mais ça ne me permettait pas d'y remédier; Jusqu'à ce que j'intègre que ces jugements pesants n'étaient que le spectre de mon propre besoin de tolérance, de liberté et de respect envers moi-même. Non pas le fait d'échouer à instaurer des échanges vrais et constructifs avec les autres, mais avec mon être et pour mon propre bien, et non plus de me positionner systématiquement selon la volonté et les besoins d'autrui.

Un psy m’a également éclairée sur le fait que l’on aide les autres pour s’aider soi-même, et pour certains, car c'est l'unique moyen de faire aimer.

Je voudrais idéalement ne plus être jugée... mais est-ce possible car même si moi, je ne juge pas sur les apparences, je juge tout de même... car je juge les gens qui jugent... !

Les projections m'ont conféré tellement de désarroi, alors que je ne voulais toujours voir que le cœur, l’échange cérébral et le potentiel en l'autre. Cependant, je projette bien tout cela moi aussi comme la personne en face peut ne pas manifester le besoin ou l'envie de s'intéresser à la même chose.

Je le projette peut-être aussi, car j'aimerais bien qu'on les voit en moi également...

Miroir inversé?... non miroir tout court, car on ne discerne finalement bien que sa propre réflexion, l'idée et la notion restent similaires. Rien ne sert d’attendre qu'un changement de perception vienne de l’autre, mieux vaut "se" conscientiser soi-même.

Et c’est aussi grâce à toutes ces expériences que j’ai décidé de laisser le passé et la perte de temps en pensées "néfastes" à ce sujet pour laisser la place à mes imperfections et ma vraie nature, tout comme à l'échange avec des personnes qui aiment également dépasser les barrières du mental. Pour s'interroger d'âme à âme, sans lutte de pouvoir et donc sans jugement!